Quand un ami meurt, on reste un
moment les bras ballants, désemparé, regardant la place vide. Et puis, le temps
aidant, on se remet à vivre, on « fait son deuil ». C’est important
de faire son deuil, de ne pas rester accroché au passé. Vivre dans le passé,
c’est vivre dans le rêve, c’est mentir à la vie qui est joie, espérance… En
Afrique, là où le culte des ancêtres est très prégnant, les morts ne sont là
que pour aider les vivants à vivre, à continuer le travail, à animer le
village. Mais gare à celui qui ne
respecte pas ses ancêtres !
Il y a bien pourtant une manière
chrétienne de vivre avec nos morts. Dans notre Credo, on appelle ça la
« communion des saints ». En langage moderne, on dirait plutôt une
solidarité, avec les défunts comme
entre nous. Solidarité, ce n’est pas de l’hébreu pour nous français. Pour la
moindre grève, il faut être solidaire,
sinon ça ne marche pas. Entre chrétiens c’est pareil ; nous sommes
solidaires. D’abord entre nous les vivants, même si ça grince quelquefois. Par
notre baptême, nous somme « saints », en communion avec les autres
« saints ». C’est beau cette solidarité. En clair, cela veut dire que
personne ne va vers Dieu tout seul.

Mais pour les défunts au purgatoire ?
Pour eux, nous prions très fort pour qu’un jour Dieu les accueille dans sa
lumière. Et ceux qui sont déjà au ciel prient aussi pour eux, et pour nous !
C’est ça la solidarité chrétienne. C’est pourquoi l’Eglise nous dit que nous
sommes en communion. Il y a donc une très belle prière triangulaire entre le
ciel, la terre et le purgatoire.
Ceci dit, nous sommes encore là, nous autres pauvres pioches ! ! Il s’agit
pour nous de nous préparer au grand voyage, ni plus ni moins. Depuis notre baptême,
nous posons les fondations d’une maison dont le toit est au ciel. Inutile donc
de rester le nez en l’air en soupirant après les « demeures
éternelles » ! Pour le moment, nous sommes des « roms
spirituels », des nomades de Dieu, toujours en chemin.
J’aime bien ce que
dit Mgr Dagens dans sa Méditation sur l’Eglise : « [Les chrétiens]
se
déplacent, ils se rencontrent,
et l'on perçoit sans doute en eux un élan intérieur qui étonne. Ces hommes et ces
femmes sont portés par un mouvement qui les ouvre au mystère de Dieu et
qui, en même temps, les engage
dans le monde. »
Au travail donc ! Il s’agit pour le moment de construire
un monde d’amour qui soit déjà figure de l’éternité.