Pour aller vers les autres, il faut d’abord… les voir !
Et de préférence, les voir avec les yeux
du cœur. La Mission, c’est d’abord ouvrir les yeux sur le monde. Or, le premier à avoir vu, qui est même un expert en vision,
c’est Dieu lui-même. Ouvrons la Bible au livre de l’Exode et
écoutons : « J’ai vu…j’ai
vu la misère de mon peuple en Egypte, je l’ai entendu crier… Alors je suis
descendu. » Nous passons du Dieu nomade au Dieu qui voit et qui vient.
Ce n’est pas prendre Dieu pour un homme que de dire qu’il voit avec les yeux du
cœur. Un regard lent à la colère. Tout au long de l’Ancien Testament, Dieu
passe son temps à regarder son peuple, furieux dans un premier temps en les
voyant dérailler, mais toujours prêt à ne pas mettre leurs frasques en mémoire.
Quel est-il, ce Dieu qui voit avec son cœur ? On le
devine dans l’Ancien Testament, mais bien davantage dans les évangiles. Si
Jésus est en plein dans la Mission telle que nous l’avons évoquée dans le blog
précédent, cela vient d’abord du regard d’amour qu’il porte sur les gens et les
choses. Un regard qui voit à
l’intérieur. D’emblée Jésus voit « ce qu’il y a dans l’homme » ;
alors sa Parole peut aller droit au cœur des gens.

J’insiste sur les yeux du cœur. J’étais un jour dans un
village de Navarre avec une religieuse qui en était originaire. A notre
passage, les fenêtres s’ouvraient : « Adios ! Carmen ! » Et beaucoup de bonnes paroles que
je ne comprenais pas. On aurait dit que nous avions récolté un Oscar à
Cannes ! Et la sœur de me dire : « On va aller voir la française du village. » On sonne, on
ouvre : « Bonjour madame
la française ! Vous êtes bien ici ? » Et la dame de répondre :« Oh vous savez, chacun chez
soi, on est bien mieux comme ça ! » La bulle ! Elle était
dans sa bulle ! Dans sa bulle, il n’y avait pas de fenêtre sur le village.
Toutes les Associations sont parties du regard d’un homme,
d’une femme qui ont ouvert les yeux sur leur monde. C’est peut-être ceux-là
qu’on appelle des « donneurs d’alerte ». Bien plus : ces
vigilants appellent leurs voisins :"Est-ce que tu vois ce que je vois ? » Un chrétien qui
voit, rejoint celui qui ne croit pas comme lui. Mais à deux, ils ont un regard
grand comme le monde. Alors ensemble, ils s’engagent.
Terminons en rappelant les affiches de Vigipirate : « Ensemble, attentifs. » Pas
seulement pour repérer l’homme au couteau entre les dents, mais attentifs pour voir la détresse du monde.