jeudi 14 novembre 2019

2. Conscience


« L'œil était dans la tombe, et regardait Caïn. » Dans ce poème sombre et terrible, Victor Hugo s’inspire du livre de la Genèse pour décrire les affres de Caïn après son crime. Et il intitule cela « La conscience ». .. La conscience de Caïn le poursuit, le taraude, l’enferme. Où qu’il aille. Mr Hugo appelle cela « l’œil de Dieu »
Même si l’image que se fait de Dieu Victor Hugo est contestable, il reste que la conscience est bien  cette voix, cette mémoire qui est toujours là en nous, et qui nous interpelle, rudement parfois. Rien de terrible là-dedans ! La conscience est une voix à la fois amicale et insistante qui habite tout homme, croyant ou pas.

Elle est là, bon… Mais qu’en faisons-nous, de cette conscience au fond de nous-mêmes. ? On peut l’occulter, se boucher les oreilles, s’étourdir pour ne pas l’entendre ; on peut même devenir « sans foi ni loi ». Je me souviens de cet ouvrier parisien qui, très sereinement, se vantait de ses conquêtes, et ce devant sa femme. Pour lui, l’infidélité était devenue quasi-normale. Et quand d’aventure il réfléchissait, cela se terminait toujours par le stupide et banal : « Tout le monde fait comme ça. »


Parler de la conscience aujourd’hui, c’est important. Notre conscience anime notre vie intérieure, elle est notre fierté. C’est là qu’est notre liberté. Tout homme comprend ce qu’écrit Hetty Hillesum: « On peut nous rendre la vie impossible (les nazis en l’occurrence), nous dépouiller, nous enlever notre liberté de mouvement, mais on ne peut rien nous faire, vraiment rien ! Je me sens libre. »… Non, rien ni personne ne peut atteindre notre conscience.
          Tant il est vrai que tout papa, toute maman qui veut vraiment éduquer ses enfants à la liberté de  l’âge adulte – si tant est que toute éducation est un apprentissage de la liberté – tout parent donc, sait que son plus beau travail sera la formation de la conscience des petits.
            
        Ça va loin,  ça va très loin. Je le répète : notre conscience, rien ni personne ne peut nous l’enlever ou faire comme si elle n’existait pas. Nous autres chrétiens, nous ne cesserons jamais de crier aux oreilles des dictateurs de tout poil : « Vous pouvez nous brimer, nous enfermer, vous n’aurez pas notre liberté de conscience. » C’est facile à dire ici en France où cette liberté est respectée, mais pensons à ceux et celles qui croupissent en prison encore aujourd’hui, pour avoir osé revendiquer cette liberté.
           En Afrique, en Amérique Latine, le missionnaire emploie souvent le mot un peu barbare de « conscientisation ». Il s’agit d’aider les gens à prendre conscience de leur situation de soumission (aux grands, à la pauvreté, …au destin), pour qu’ils prennent leur vie en mains et se sortent eux-mêmes de leur mentalité d’esclave.
            
         Ici chez nous, ce n’est pas de la soumission aux grands dont il faut se sortir, mais  d’une mentalité d’irresponsables, de béni-oui-oui et d’inconscients qui nous empêche d’être des hommes dignes de ce nom.

Aucun commentaire: