Un juif
allemand, Hans Jonas, donna une conférence en 1945 : « Le concept de Dieu après Auschwitz. »
Sa thèse était la suivante : depuis toujours, la Bible dit que Dieu aime
son Peuple. Mais quand le Peuple déraille, Dieu le punit. Autrement dit, si le Peuple souffre (et Dieu sait si les
juifs ont souffert depuis 20 siècles !), c’est que Dieu le punit de ses
péchés ! C’est simple….

Hans Jonas a
une autre réponse : si Dieu n’est pas intervenu à Auschwitz, c’est qu’il
ne le pouvait pas. Il ne
pouvait rien contre les méchants nazis. Et Hans de conclure : donc, Dieu
n’est pas le Tout-Puissant ! Mais il ajoute cette belle parole : « Si Dieu n’est pas tout-puissant, que lui reste-t-il ?
Il lui reste l’amour. »
Nous autres
chrétiens, nous avons une autre conclusion, autre que celle de Hans Jonas. Pour
nous, Dieu est tout-puissant, Seigneur du ciel et de la terre. Mais - est-ce un bien, est-ce un mal, à vous de juger – il a pris un
risque en créant l’homme : il l’a créé libre ! Et Dieu a pour cette liberté de l’homme, un respect
immense. Immense comme le fond du ciel, immense comme son amour. Alors Dieu n’envoie
pas de missile pour détruire les méchants, il respecte la liberté des petits hommes,
même les plus tordus.
Et il va
même plus loin, au point de dérouter bien des gens (ne vous en faites pas,
c’est son habitude !). Il fait cette chose pas très sérieuse de
renoncer à sa toute-puissance pour devenir l’un de nous, en vivant comme nous…
St Paul, l’apôtre à la plume d’or, avait compris tout le Christ quand il disait
aux Philippiens : « Le
Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, n’a pas retenu jalousement le rang
qui l’égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes… ». Voilà notre Dieu, à nous
chrétiens ! Jésus a été menotté par des hommes libres, tué par des hommes
libres. Dieu s’est mis entre nos mains, par amour. Devant la méchanceté des
bourreaux, Dieu se tait, il est même vulnérable, comme est vulnérable celui qui
aime.
Ce qui
faisait dire à Etty Hillesum, cette jeune juive hollandaise en route vers les
camps de la mort : « Seigneur,
il ne semble guère que vous puissiez agir. Vous ne pouvez nous aider ;
mais nous, nous devons Vous aider, nous devons défendre Votre Vie en nous
jusqu’à la fin. »
Et en écho,
le philosophe Alain : « Regardez
l’enfant. Cette faiblesse de Dieu, cette faiblesse qui a besoin de tous est
Dieu. » Alain pensait-il à l’Enfant de la crèche ?
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