lundi 1 février 2021

Aigles

 

            Il y a plein de rapaces en Camargue. Preuve qu’il y a beaucoup de proies ! C’est un signe de santé. On en trouve partout, perchés à la fine pointe d’un poteau, ou planant très haut en orbes calmes, profitant des mouvements de l’air, sans un battement d’ailes, 
la queue servant de stabilisateur ; ils se jouent du soleil et des nuages.

              Les plus beaux ce sont les aigles. L’aigle  royal reste confiné aux Alpes ; mais en Camargue, on rencontre l’aigle de Bonelli nichant dans le Luberon ou les Alpilles, ou le circaète, le premier plus timide que le second. On les reconnait de loin à leurs cris aigres, surtout aux plumes terminales des ailes en éventail…

            Il ne faut pas perdre de vue le circaète, car souvent il suffit d’une seconde d’inattention pour manquer ses plongeons fulgurants sur une couleuvre repérée de très haut. C’est toujours émouvant de suivre son vol tournant, vol majestueux comme s’il s’estimait plus haut que les rampants sans ailes ! Au vrai, il est supérieur quand, piqué au fin haut de son poteau à haute tension, il fixe des yeux le surmulot, là tout en bas, avant de fondre droit dessus.

            Il y aussi le balbuzard pêcheur, aperçu en septembre. Si ce n’était sa taille, on le prendrait pour un aigle ! Là encore, le spectacle est rare de le voir plonger de très haut, serres en avant, droit dans l’étang du Vaccarès, avant de ressortir de l’eau avec un gros poisson. A moins qu’il ne surprenne ses proies en rase-motte…  Le métier de balbuzard est dur, car il rate sa proie plus souvent qu’il ne l’attrape ! Mais le spectacle est toujours saisissant.

            Il n’est pas étonnant que la charge symbolique de l’aigle soit forte, tant sa prestance, sa force, sa vue  le font voisiner avec les oiseaux mythiques comme le phénix ; depuis les indiens jusqu’aux empereurs, l’aigle est emblème de puissance. Autrichien et russes en rajoutaient même en lui faisant deux têtes !

            Dans la Bible, le symbole varie : l’aigle a une vue perçante et, dit-on, il est capable de regarder le soleil en face, à l’instar du Christ de St Jean l’évangéliste qui scrute le fond des cœurs et voit le Père. Déjà, comme l’aigle, le Dieu de l’Ancien Testament fondait sur sa proie en lançant des ennemis contre son Peuple rebelle (Deutéronome 28/49). Il lâchait le roi de Babylone et  Pharaon, ces « grands aigles » qui en feraient voir à Israël (Isaïe 17/3-7).

            Mais aussi, l’aigle biblique peut être symbole de tendresse :

« Tel un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits, il déploie son envergure, il le prend, il le porte sur ses ailes. » Deutéronome 32/11

            Et aux Hébreux après leur libération d’Egypte : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi. » Exode 19/4

            Décidément,  même en Camargue, on voit de très belles choses qui vous aident à entrer dans la contemplation de Dieu !

 

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