jeudi 4 mars 2021

6. Vous avez dit catholique?

          Le temps use les mots. Catholique est un mot usé. Pour nos contemporains, le catholicisme est une branche des chrétiens, comme il y a des sunnites et des chiites en Islam.

            
Alors, il nous faut retrouver la fraîcheur et la vérité du mot ; pour cela, revenons au 2
ème siècle de notre ère avec Ignace d’Antioche. Ce grand évêque, mort martyr, est le premier à avoir parlé de « l’Eglise catholique répandue dans le monde entier ». Au 2ème siècle ! Pour Ignace, catholique voulait dire universel. Il savait que l’Evangile est une parole de vie pour tous les hommes de bonne volonté. En clair, Dieu peut parler au cœur de tous !

            Donc, l’Evangile est pour tous. Mais être catholique, c’est aussi croire que la Parole de Dieu peut nous venir par tout homme de bonne volonté… J’ai trouvé l’Evangile (pas le livre, la vie !) chez ce monsieur polygame dont le grand souci était de créer la joie et la paix dans son saré. Il n’admettait pas la jalousie, qui est souvent la norme dans ce milieu…J’ai aussi admiré le livre de Yann Arthus-Bertrand « Six milliards d’autres », où l’auteur interroge le birman, le burundais, le suédois sur l’amour, la peur, la mort etc.… J’applaudis à deux mains ! Car comme catholiques, nous sommes des chercheurs de trésor, le trésor de Dieu parlant au cœur des gens. Tu le trouves, ce trésor, aussi bien chez le pape François que  chez Jean Valjean le bagnard au grand cœur, aussi bien chez la petite Bernadette de Lourdes que chez ta voisine lumière de sa maison.

            Donc, dans catholique, j’entends à la fois unité et diversité. Unité car tous sont aimés de Dieu, diversité dans la manière de rencontrer Dieu. C’est à l’image de la gare de Canton, où tu trouves des Tibétains, des Hans, des Ouïgours, des Mandchous,  chacun en costume de sa région, mais tous chinois (de gré ou de force !).

            Alors on peut se demander qui est catholique et qui ne l’est pas ? Là, je refuse absolument de trancher !  C’est comme si vous me demandiez qui ira au ciel, qui ira en enfer ? C’est l’affaire de Dieu, avec ses grands bras. Arrêtons de coller des étiquettes en fonction de la religion, ou de la non-religion des gens. Pour moi, être catholique c’est sortir de la religion, de ses ors, de ses rites, pour retrouver tous les croyants dans le cœur de Dieu. A Taizé comme dans les cités de Marseille, je me sens pleinement catholique. C’est dans ce sens que Mgr Aveline, archevêque de Marseille, écrit : «  Il faut encourager les catholiques à se convertir à la catholicité de l’Eglise. »

            Une dernière image. Je connais un évêque en Afrique, qui a son bureau de plain-pied avec la rue. Il suffit de trois marches pour y être ! Cet évêque est là pour tout le monde ! Comme disait Mgr de Mazenod, fondateur des Oblats, il s’agit d’avoir « un cœur grand comme le monde. »

            A l’heure de la mondialisation, de l’Europe, de l’ONU, de l’ASEAN,  il est temps pour les croyants de jeter leurs œillères, de se libérer de leurs complexes, pour partager le même rêve de paix avec tous les hommes de bonne volonté.

 


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