Curieux rapprochement! Qu'y a-t-il de commun entre le voyage au Népal et le départ vers l'Irak?...
Je pense que tous les indicateurs concordent: les jeunes chevelus qui partaient vers Katmandou autrefois, ont quelque chose de commun avec les jeunes barbus qui s'engagent aujourd'hui en Syrie avec Daesch. Chevelus ou barbus, tous cherchent une étoile. Je n'exagère pas! Les uns flirtaient avec le hasch, les autres caressent la kalach. Mais tous, au fond du fin fond, pensent avoir trouvé quelque chose qui donne sens à leur vie. Les uns (pas tous) voulaient un monde zen, où la méditation, le rêve, la vie près de la nature, sans contraintes, prenait figure d'idéal.
Pour les autres, ceux qui partent pour le djihad, on peut distinguer deux groupes. Il y a ceux qui croyaient partir "faire de l'humanitaire", et qui se retrouvent piégés là-bas. Ils découvrent - mais un peu tard - qu'on les a terriblement trompés. Ceux-là sont récupérables... s'ils ont gardé à la fois leur sens critique, leur foi dans la vie, et leur désir de se donner.
Quant au deuxième groupe, les fanatiques, on a abusé de leur ignorance en aliénant leur liberté au point d'en faire parfois des bombes humaines.
Je crois qu'il faut aller plus loin. Ces jeunes en quête de leur moi, de leur identité, en allant au djihad, rencontrent l'extrémisme. Un extrémisme qui, sous un vernis de fondamentalisme religieux, flatte leur désir de se singulariser, de s'affirmer par une différence forte avec le reste du monde. Un désir très adolescent d'exister en n'étant "pas comme les autres".
Dès lors, quête d'identité et extrémisme deviennent cousins. Et ce cousinage constitue un excellent terreau pour toute forme de violence et, à la limite, un terreau pour le terrorisme. Sans jeux de mots!
Force est de constater qu'actuellement, on assiste à un retour en force, à la fois de la quête identitaire et du fondamentalisme sous toutes ses formes: religieuses, nationalistes, voire régionalistes. Nul n'est épargné, depuis la Russie de Mr Poutine jusqu'aux extrême-droites françaises, en passant par les Tea Party américaines et... par une frange plus ou moins épaisse des chrétiens dans l'Eglise.
Oui, la lutte contre Daesch et autres Boko Haram passe aussi, peu ou prou, par la lutte contre nos propres démons.
vendredi 12 juin 2015
vendredi 8 mai 2015
On a envie de chanter
Quand le printemps vous saute aux narines dès que vous sortez,
quand la lumière rasante du petit matin éclaire la cime des arbres, du côté de Mange-Tian,
quand les jeunes feuilles des chênes verts vous glissent gentiment leur rosée dans le cou,
quand le sentier se cache sous une palette de fleurs jaunes dont j'ai oublié le nom,
quand un brouillard fin comme une soie japonaise s'effiloche là-bas au pied des Monts du Vaucluse,
quand le rossignol insaisissable vous accompagne d'arbre en arbre de ses trilles coulés, que vous écoutez tout en étant bien incapable de prévoir la suite de la partition,
quand la garrigue s'éveille, fraîche et déjà lumineuse,
et quand, au détour d'une clairière, un chevreuil en rut fait le beau autour de sa biche et vous gratifie de ses aboiements plus horribles que ceux d'un roquet,
alors, on a envie de chanter.
quand la lumière rasante du petit matin éclaire la cime des arbres, du côté de Mange-Tian,
quand le sentier se cache sous une palette de fleurs jaunes dont j'ai oublié le nom,
quand un brouillard fin comme une soie japonaise s'effiloche là-bas au pied des Monts du Vaucluse,
quand le rossignol insaisissable vous accompagne d'arbre en arbre de ses trilles coulés, que vous écoutez tout en étant bien incapable de prévoir la suite de la partition,
quand la garrigue s'éveille, fraîche et déjà lumineuse,
et quand, au détour d'une clairière, un chevreuil en rut fait le beau autour de sa biche et vous gratifie de ses aboiements plus horribles que ceux d'un roquet,
mardi 10 mars 2015
Dos au peuple!
Rome janvier 2015. Nous avions célébré la messe à Sainte Marie Majeure, dans une chapelle latérale avec - bien sûr - l'autel monumental s'appuyant sur le mur. En enlevant mon aube après la messe, je disais à un prêtre de l'Emmanuel qui en faisait autant :"Cela fait bien 50 ans que je n'avais célébré la messe "dos au peuple"." Et lui de rétorquer :"Mais c'est très bien comme ça! On devrait toujours célébrer ainsi!"
J'en suis resté baba, K.O. debout! Alors il m'a porté l'estocade :"Vous verrez: bientôt tout le monde fera comme ça!" J'étais anéanti, horrifié, pantelant d'indignation. Comment peut-on faire un rétro-pédalage pareil? Revenir 60 ans en arrière? Bien sûr, que je sache Vatican 2 ne s'est pas prononcé sur la pratique de la célébration, liberté est laissée à chacun. Mais une vision saine de l'Eglise, vision issue du Concile, a rendu normale la célébration "face au peuple". Tout le monde comprend la charge symbolique forte liée à cette pratique. Si la messe est le prolongement de la Cène du Jeudi Saint , a-t-on jamais vu un repas de famille où les gens se tournent le dos? Et surtout, le Christ est présent d'abord dans la communauté qui célèbre (Constitution Lumen Gentium n°14)
Ce prêtre de l’Emmanuel ajoutait :"A la messe, on est tous tournés vers Dieu, devant nous.". Non, en vertu de l'Incarnation, le Christ est d'abord parmi nous. Et ce que cet abbé ne disait pas, c'est que, dans la célébration "dos au peuple", le prêtre se trouve l'intermédiaire obligé entre Dieu et les hommes, comme l'était le Grand Prêtre juif au temple. Et depuis quand les chrétiens ont besoin d'un intermédiaire autre que Jésus pour aller vers Dieu? Va-t-on remettre le prêtre sur le piédestal du haut duquel le Concile l'a fait descendre?
En relisant le livre lumineux de Jean-Noêl Bezançon :"La messe de tout le monde", on se rend compte de quelles dérives l'Eglise s'est rendue autrefoiscoupable en faisant du prêtre un super-chrétien, et des laïcs de gentilles "brebis" juste bonnes à répondre Amen.

Mais je crois que c'est une juste colère.
mardi 10 février 2015
6. Le croyant, fragile et solide.
Voici une histoire que
je ne me lasse pas de raconter! Cela se passe au Nord-Cameroun. En montagne,
j'entre dans la cour intérieure d'un saré, l'enclos familial,. Personne pour
m'accueillir, à part un bambin qui, à la vue de cet horrible blanc, se
sauve...et va se jeter dans les jambes de son père qui sort de sa case. Et l'homme,
dans un geste tout naturel là-bas, attrape le gamin par un bras et hop! le
juche sur son épaule. Alors de là-haut, l'enfant me décoche son plus beau
sourire, l'air de dire :"Maintenant,
avec mon papa, tu ne peux plus rien me faire!"
Et voilà bien éclairé
mon propos de ce matin. Je suis, nous sommes tous comme ce petit, des
bonshommes fragiles, relatifs, cachant notre peu de solidité sous des airs plus
ou moins bravaches. Mais si, comme croyant, je monte sur les épaules de Dieu,
alors oui, je deviens vraiment solide.
Le plus extraordinaire,
c'est que Dieu lui-même est entré dans notre fragilité. Car la fête de Noël,
c'est bien cela: Dieu qui vient partager notre faiblesse, marcher avec nous. Il
connaît la tentation, il pleure Lazare son ami, il crie de détresse à
Gethsémani.
Mais regardons
l'Histoire. Il y a plein de fragiles-solides dans l'Histoire. St Pierre, mort
de trouille dans la cour du grand-prêtre, et envoyé par Jésus "raffermir ses frères". St Augustin,
criant sa misère dans ses Confessions, et devenu le grand spirituel que nous
connaissons. Mère Térésa, passant par de terribles "nuits de la foi", et princesse de charité. Citons même Tierno
Boukar, simple paysan musulman, grand mystique et persécuté pour cela. Tous ont
été témoins de leur propre fragilité, mais leur foi fut solide.
lundi 12 janvier 2015
Après l'émotion, la réflexion
Des millions de gens dans la rue, des cris, répétés, scandés :"Je suis Charlie!". Des foules spontanées, volontaires. On sent une conscience qui se rassemble, ce n'est ni une mode, ni une psychose; simplement un peuple qui se lève pour crier sa foi en la liberté, son rejet de la bêtise.
Mais, lentement, une pensée me vient: des "charlies" massacrés, il y en a partout, en Irak, au Nigéria, au Yemen. A l'Est-Nigéria, il y a trois jours, des centaines de femmes, d'enfants, de vieux sont morts parce qu'ils ne n'avaient pas couru assez vite. Ce n'est pas du roman, c’est la réalité. Ces gens, ces frères et sœurs, avaient le droit de vivre libres, de penser librement comme les dessinateurs de Charlie Hebdo. Ces petits avaient le droit de vivre, simplement. Mais, à l'image de ces grands fauves qu'on voit à la télé, les islamistes s’attaquent d'abord aux plus faibles. C'est plus facile!
Mais qui s'en soucie? L'horreur se serait-elle banalisée à ce point? Je ne le pense pas. Mais Kano, Maïduguri, c'est loin. Et encore: en France, il y a une société civile qui réagit, qui crie sa fureur, son amour de la liberté. Mais dans bien des pays, en vérité, où est la société civile? Bâillonnée par les dictatures, flouée par la corruption, la société se tait, se replie sur sa peur. Et puis, à Douala comme à Kano, qui se soucie des massacres du Nord? Qui se soucie de ces jeunes qui s'engagent dans Boko Haram parce qu'ils n'en peuvent plus de pauvreté? Et pourquoi l’armée nigériane, à l'instar de l’armée irakienne, est-elle si peu combative? Voilà le premier mal qui fait le lit de Boko Haram et autres barbares.
Et encore: les Etats vont-ils assez loin? Faire face à l'horreur, mettre ces bandits hors d'état de nuire? Bien sûr, mais la réponse à ces questions n'est pas seulement dans l'Hexagone. Pour suivre ce que disait quelqu'un dans C dans l'air, tout le monde sait que pour éteindre un feu, il faut l'attaquer à la base. Où sont les bases de cette barbarie actuelle? Tant qu'on n'aura pas eu raison de ceux qui financent les islamistes, de ceux qui les motivent, de ceux qui les arment, on aura beau tenter d'éteindre le feu en Europe, on n'y arrivera pas.
Mais j'oubliais: le Qatar, c'est juteux pour nos affaires!
Mais, lentement, une pensée me vient: des "charlies" massacrés, il y en a partout, en Irak, au Nigéria, au Yemen. A l'Est-Nigéria, il y a trois jours, des centaines de femmes, d'enfants, de vieux sont morts parce qu'ils ne n'avaient pas couru assez vite. Ce n'est pas du roman, c’est la réalité. Ces gens, ces frères et sœurs, avaient le droit de vivre libres, de penser librement comme les dessinateurs de Charlie Hebdo. Ces petits avaient le droit de vivre, simplement. Mais, à l'image de ces grands fauves qu'on voit à la télé, les islamistes s’attaquent d'abord aux plus faibles. C'est plus facile!
Mais qui s'en soucie? L'horreur se serait-elle banalisée à ce point? Je ne le pense pas. Mais Kano, Maïduguri, c'est loin. Et encore: en France, il y a une société civile qui réagit, qui crie sa fureur, son amour de la liberté. Mais dans bien des pays, en vérité, où est la société civile? Bâillonnée par les dictatures, flouée par la corruption, la société se tait, se replie sur sa peur. Et puis, à Douala comme à Kano, qui se soucie des massacres du Nord? Qui se soucie de ces jeunes qui s'engagent dans Boko Haram parce qu'ils n'en peuvent plus de pauvreté? Et pourquoi l’armée nigériane, à l'instar de l’armée irakienne, est-elle si peu combative? Voilà le premier mal qui fait le lit de Boko Haram et autres barbares.
Et encore: les Etats vont-ils assez loin? Faire face à l'horreur, mettre ces bandits hors d'état de nuire? Bien sûr, mais la réponse à ces questions n'est pas seulement dans l'Hexagone. Pour suivre ce que disait quelqu'un dans C dans l'air, tout le monde sait que pour éteindre un feu, il faut l'attaquer à la base. Où sont les bases de cette barbarie actuelle? Tant qu'on n'aura pas eu raison de ceux qui financent les islamistes, de ceux qui les motivent, de ceux qui les arment, on aura beau tenter d'éteindre le feu en Europe, on n'y arrivera pas.
Mais j'oubliais: le Qatar, c'est juteux pour nos affaires!
lundi 5 janvier 2015
Un mouton
Oui, dans la crèche, il y a toujours un mouton. Depuis la super-crèche de Bonnieux (à défaut car je n'ai pas vu celle de St Pierre à Rome) jusqu'à la petite crèche avec des petits moutons que je vois sur la petite cheminée de mon copain Alain, il y a toujours au moins un mouton.
Je n'y avais jamais pensé auparavant, mais cela m'est venu d'un coup lors d'une insomnie. Voilà: tous ces moutons de la crèche sont des signes, et ils nous disent quelque chose d'important... Parce qu'ils ne sont pas là seulement pour accompagner les bergers. En effet, timidement l'un des bergers - un gamin encore - ose offrir un agneau. Et là, d'un coup j'ai compris: ce garçon me révélait la dignité du pauvre.
C'est comme s'il disait à l'Enfant :"Je ne peux pas t'offrir de l’or ou te brûler de l'encens, je ne vais pas t'apporter une Rolls ou une BM, mais ce que j'ai, je te le donne!" Voilà, sous-entendu: "Je suis tout à fait capable de faire un cadeau. J'ai ma dignité, et je suis capable de te donner ce que j'ai." Et le pauvre tend son agneau à Celui qui vient lui rendre sa dignité.
On ne peut s'empêcher de penser à l'obole de la veuve dans l'Evangile (Marc 12/41-44). Elle n'a
Plus près de nous, on retrouve là l'esprit du Développement. Pas d'aumônes dans le Développement, rien de "charitable". Quand on s'occupe d'alphabétisation, de PMI, d'animation féminine, on aide des hommes à se lever et à retrouver leur dignité d'enfants de Dieu. Et le village, petit à petit, se structure de nouveau, là où la coutume semblait défaillante. Les Boko Haram ne s'y trompent pas: quand ils attaquent un village du Nord-Cameroun, ils s'en prennent d'abord à l'instituteur, à l'animateur rural, à la responsable des femmes, au responsable de la communauté chrétienne. Hélas...
Le meilleur moment dans le creusement d'un puits, c'est la "fête de l'eau" qui ponctue la réussite :"Nous avons creusé, nous avons été capables de réussir". Et le cadeau fait au village, ce ne sera plus un mouton, mais une belle eau propre. Et ce sera encore Noël pour tous.
dimanche 23 novembre 2014
"Chacun sin pin, chacun s'n'harin!"
"Chacun son pain, chacun son hareng!" En patois de Grand-Fort-Philippe, cela veut dire :"Chacun pour soi."... En fait, il suffit de passer huit jours sur le littoral flamand pour constater que c'est un proverbe menteur! Allez donc partager un repas de chasse après avoir arpenté les dunes pendant quelques heures. Et vous verrez que, comme dans tout repas de chasse, il y a une ambiance rare. Entre le pâté de lièvre, les blagues "à la flamande" et les déférents "Monsieur le curé, encore un doigt de bordeaux?", c'est un plaisir, ça aide à croire à la vie.
Et pourtant, au premier abord, le pays n'est guère à l'image du repas de chasse! Passer brusquement des paysages aimables de la Provence aux plaines du Nord maritime, ce n'est pas évident. Malgré la proximité de la centrale nucléaire et de l'immense port de Dunkerque, le pays garde une note sauvage, il ne se laisse pas apprivoiser comme ça.
Il y a cette immensité de la mer et des horizons, immensité qu'on retrouve si bien dans les peintures du grandfortois Van Hecke; on distingue difficilement le ciel de la mer, rien pour accrocher le regard, à part peut-être ce chasseur sortant de sa hutte au loin, ou cette blanche aigrette au bord des saladelles. Rien d'aimable dans la grosse houle grise qui vient battre la jetée de Grand-Fort à marée haute.
Oui, mais c'est comme ça que j'aime ce pays: venteux, rugueux, avec des gens au bel accent picard, habitués au vent et à la pluie, mais très heureux en tout temps, même quand le soleil se montre, ce qui n'est pas rare sur la côte. Des gens chaleureux: dès que vous poussez la porte, ce n'est que du bonheur et des rires... Mais refermez donc la porte, s'il vous plaît. Merci.
Et pourtant, au premier abord, le pays n'est guère à l'image du repas de chasse! Passer brusquement des paysages aimables de la Provence aux plaines du Nord maritime, ce n'est pas évident. Malgré la proximité de la centrale nucléaire et de l'immense port de Dunkerque, le pays garde une note sauvage, il ne se laisse pas apprivoiser comme ça.

Oui, mais c'est comme ça que j'aime ce pays: venteux, rugueux, avec des gens au bel accent picard, habitués au vent et à la pluie, mais très heureux en tout temps, même quand le soleil se montre, ce qui n'est pas rare sur la côte. Des gens chaleureux: dès que vous poussez la porte, ce n'est que du bonheur et des rires... Mais refermez donc la porte, s'il vous plaît. Merci.
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