mercredi 16 février 2011

sécularisation

La sécularisation, c'est quoi? Décidément, faut tout vous expliquer!

On peut tenter une définition: il s'agit d'un processus, plus ou moins long, au cours duquel la société civile, ayant pris conscience d'elle-même, se libère des religions et du sacré dans la sphère de la vie publique, économique, politique, sociale. Cette société se définit hors de tout contexte religieux. De leur côté, la foi et la pratique religieuse s'individualisent, se font plus personnelles, plus discrètes aussi, peut-être plus rares, moins "massives", moins visibles dans le paysage quotidien. Cette société revendique une autonomie face à des normes, un style de vie et de pensée qu'elle estime lui avoir été imposées "d'En Haut."

L'autonomie de la société peut se réaliser dans la douleur, comme en France au 19ème siècle, ou doucement, sans hostilité apparente... A noter que la révolution russe ne mena pas à une sécularisation de la société, malgré les persécutions religieuses. Car elle imposa aux russes une autre idéologie, bien plus contraignante qu'au temps du tsarisme. Tant il est vrai que la sécularisation n'est soluble que dans la liberté.

La sécularisation est un processus, non un état de fait. Un chemin qu'emprunte peu à peu toute l'humanité. Je dis bien toute l'humanité. Car ce n'est pas faire preuve d'ethnocentrisme de dire que la sécularisation, déjà fort avancée en Europe du Nord, gagnera tôt ou tard le reste de l'humanité.

Elle gagnera l'Afrique sub-saharienne, où bien des prêtres, et même des évêques, finiront pas descendre de leur piédestal pour, la sécularisation faisant son oeuvre dans la société civile, inventer un autre type d'Eglise, plus humble, plus attentive au monde. Déjà en 1997, Eloi Méssi, dominicain camerounais, posait la question dans son livre :"Dieu peut-il mourir en Afrique?"

Elle gagnera les terres d'islam, sans doute dans les larmes et dans le sang, à l'image des émeutes de 2009 en Iran. Quoique... Je retiens ce qu'écrit Mr Olivier Roy du CNRS et auteur de La Sainte Ignorance, dans un excellent article "Révolutions post-islamiques" (Le Monde des 13-14 février 2011): "Ceux qui manifestent en Egypte sont précisément ceux qui manifestaient en Iran contre Ahmadinedjab. Ils sont peut-être croyants, mais séparent cela de leurs revendications politiques; en ce sens, le mouvement est "séculier", car il sépare religion et politique. La pratique religieuse s'est individualisée." (à suivre)

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