Pourquoi « de repos » ? Parce que nous sommes
au mois d’août, le temps du farniente, où l’on peut rêvasser, lire un peu,
brunir beaucoup. Alors, parler des oiseaux, cela me repose aussi.
D’autres laissent une impression de puissance. L’autre soir, j’observais
tout un vol de spatules partant au gagnage. Alors que les flamants qui passent
semblent un peu irréels, un trait rose sur l’horizon, les spatules sont plus
finies, leur bec en cuiller tendus vers la pitance prochaine, et respectant
entre elles des distances rigoureuses. J’aime aussi le V parfait, et bruyant,
des grues au petit matin. Mais la palme de la puissance revient aux
cygnes, surtout les cygnes chanteurs. L’hiver dernier, j’observais une
trentaine d’entre eux évoluant très haut dans le ciel de Camargue, remplissant
l’espace de leurs trompettes. Etait-ce
un vol nuptial ? Apparemment ils n’étaient pas du tout disposés à
descendre, se contentant de tourner inlassablement sur le marais.
Il y a encore les oiseaux-mystère. Ceux qu’on entend mais qu’on
ne voit jamais. Le butor entre autres, fort difficile à repérer dans la
roselière, mais dont on entend le drôle de poup-poup-poup à des kilomètres. Et
les rossignols ? Au printemps ils remplissent le bord des ruisseaux de leurs splendides
partitions, mais allez les voir ! Je crois en avoir aperçu un par hasard,
mais si fut si fugace que j’ai encore des doutes !
Parfois, par chance, vous tombez sur l’oiseau rare, celui que
vous pistez depuis des mois et qui vous fait la grâce de rester là, bien tranquille,
le temps d’une photo. Ainsi de l’œdicnème criard, si fréquent en Afrique, un
oiseau de terre nichant dans la Crau. Et la glaréole… Mais vous allez me dire
que je fais le pédant alors que je ne suis qu’un passionné. N’empêche. Si vous
avez comme moi l’occasion de voir un
cygne noir ou un harle huppé, vous comprendrez mon émotion, j’en suis certain.

Septembre arrive. On ne rêvera plus …