Les Petites
Sœurs des Pauvres, Médecins sans frontières, la maraude du Secours Catholique…
Peut-on compter tous ceux qui se battent contre la souffrance ? C’est
l’honneur des hommes que de ne jamais baisser les bras devant le malheur.
Mais la
compassion, ça vient aussi de Dieu. Car Dieu est amour, et tout amour souffre
de la souffrance de l’autre, tout simplement. Ainsi de Jésus : il
« compatissait » à la peine des autres, « ému et troublé » devant la mort de Lazare, nous dit
l’évangile. Mais Jésus est allé jusqu’au bout de la compassion en entrant
lui-même dans la souffrance, nous l’avons dit.
La compassion,
ça commence là, dans les tripes ! Au Cameroun, quand je voyais des femmes
et des enfants emprisonnés et forcés par le chef à porter des cruches d’eau sur
des kilomètres, j’en étais littéralement malade, et furieux ! St Luc nous
dit mot pour mot que les entrailles de Jésus « se tordaient » en voyant les gens qui avaient faim. Voilà la
compassion !
Mais il y a plusieurs
temps dans la compassion :
1° être là…
J’étais venu en consultation, et le médecin m’a posé un flot de questions…
qu’il consignait sur son ordinateur. Et me voilà fort mal à l’aise, plus malade
qu’en entrant. J’avais la désagréable impression de parler à la machine. Le
praticien, lui, était là sans être là… Mais le contraire existe ! Job sur
son fumier. La bible nous dit que ses trois amis restèrent là, sans rien dire,
pendant 7 jours et 7 nuits. Ils étaient là, assis avec lui, c’est tout. Il faut
le faire ! En Afrique aussi,
rester assis sans mot dire à côté de celui qui souffre, cela fait partie de
l’art de vivre.
2° savoir écouter. Parfois, tu abordes un ami pour te plaindre
de ton lumbago. Et lui, d’instinct, de dire : « Ah c’est comme moi… » T’a-t-il
écouté ?
3° trouver les mots. Marina Carrère d’Encausse raconte dans « Une femme blessée » : « Le docteur n’en peut plus d’entendre
cet enfant pleurer à sa douleur innommable
[le petit a le cancer]. Mais Fatimah est là. Elle se penche sur
l’enfant, pose une main sur sa poitrine. Puis elle regarde sa mère et
dit : « Aimons-le. » C’est « aider » qu’elle
voulait dire, mais « aimer » lui a échappé. »
C’était dans une unité de soins palliatifs. Nous avons
tous besoin de soins palliatifs quand nous souffrons… Mais les autres en ont
besoin aussi ! Tous les autres ! D'après vous, qu’est-ce qui pousse
les membres de SOS Méditerranée à prendre la mer pour sauver les réfugiés en
détresse ?