mercredi 29 juillet 2020

6. la compassion



           
             Les Petites Sœurs des Pauvres, Médecins sans frontières, la maraude du Secours Catholique… Peut-on compter tous ceux qui se battent contre la souffrance ? C’est l’honneur des hommes que de ne jamais baisser les bras devant le malheur.
                     Mais avant ce combat, avec ce combat, il y a quelque chose qui est comme l’âme de cette lutte : la compassion. La compassion… Voilà un mot qui nous vient directement du latin : cum-patere = souffrir avec.  Voilà : partager la souffrance de celui qui a mal, c’est possible, c’est même la première chose à faire quand on voit un autre souffrir. Ca vient du cœur.
                      Mais la compassion, ça vient aussi de Dieu. Car Dieu est amour, et tout amour souffre de la souffrance de l’autre, tout simplement. Ainsi de Jésus : il « compatissait » à la peine des autres, « ému et troublé » devant la mort de Lazare, nous dit l’évangile. Mais Jésus est allé jusqu’au bout de la compassion en entrant lui-même dans la souffrance, nous l’avons dit.
                  La compassion, ça commence là, dans les tripes ! Au Cameroun, quand je voyais des femmes et des enfants emprisonnés et forcés par le chef à porter des cruches d’eau sur des kilomètres, j’en étais littéralement malade, et furieux ! St Luc nous dit mot pour mot que les entrailles de Jésus « se tordaient » en voyant les gens qui avaient faim. Voilà la compassion !
             
                       Mais il y a plusieurs temps dans la compassion :
être là… J’étais venu en consultation, et le médecin m’a posé un flot de questions… qu’il consignait sur son ordinateur. Et me voilà fort mal à l’aise, plus malade qu’en entrant. J’avais la désagréable impression de parler à la machine. Le praticien, lui, était là sans être là… Mais le contraire existe ! Job sur son fumier. La bible nous dit que ses trois amis restèrent là, sans rien dire, pendant 7 jours et 7 nuits. Ils étaient là, assis avec lui, c’est tout. Il faut le faire !   En Afrique aussi, rester assis sans mot dire à côté de celui qui souffre, cela fait partie de l’art de vivre.
savoir écouter.  Parfois, tu abordes un ami pour te plaindre de ton lumbago. Et lui, d’instinct, de dire : « Ah c’est comme moi… » T’a-t-il écouté ?
trouver les mots. Marina Carrère d’Encausse raconte dans « Une femme blessée » : « Le docteur n’en peut plus d’entendre cet enfant pleurer à sa douleur innommable  [le petit a le cancer]. Mais Fatimah est là. Elle se penche sur l’enfant, pose une main sur sa poitrine. Puis elle regarde sa mère et dit : « Aimons-le. » C’est « aider » qu’elle voulait dire, mais « aimer » lui a échappé. »
            C’était dans une unité de soins palliatifs. Nous avons tous besoin de soins palliatifs quand nous souffrons… Mais les autres en ont besoin aussi ! Tous les autres ! D'après vous, qu’est-ce qui pousse les membres de SOS Méditerranée à prendre la mer pour sauver les réfugiés en détresse ?



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