Il n’y a pas si longtemps on chantait : C’était un porte-bonheur, un petit cochon avec un cœur… Pour cette fois, je corrige : Une petite chaumière avec un cœur.
Car c’est que je viens de vivre au fond de la Montagne Noire. Pendant huit jours, j’étais l’hôte de cette maisonnette fleurie dans ses pierres, et charmante ; même avec la sarabande des loirs sous le toit, qui empêchent de dormir… Huit jours… J’en ai encore la lumière dans les yeux.
L’itinéraire ? De Béziers tu montes à St Pons de Thomières. Après St Pons tu montes encore ; à Fraïsse tu montes encore. Et à 1040 mètres tu prends un chemin de terre impossible et tu arrives. Quel pays ! Quelle solitude ! Quel silence ! Assis sur une pierre (avec un bon coussin), j’ai passé des heures à relire St Paul, à rêvasser, à épier le pic épeiche et le geai. Surprise : un brocard m’est passé à 10 mètres, tranquillement, sans même m’adresser un regard… Cette nature aux fûts énormes, est presque intimidante, on a peur de déranger.
Cette région de Lacaune est charmante en été, rude en hiver. C’est le pays de « l’enfant sauvage » retrouvé un jour au fond des bois, le pays des granges aux toits de genêt, des murs couverts d’ardoise. Les loups, paraît-il, sont revenus. Pas étonnant car le pays est plein de moutons. Mais les villages, un moment presque désertés, revivent, se repeuplent de jeunes ménages et de moins jeunes las de la vie urbaine. On les com
prend … C’est un pays de cocagne, avec son miel de bruyère, ses saucisses fleurant bon les âtres en pierre, sa tomme de brebis. Oui, on comprend les retours à la vie simple.De nouveau à Marseille, j’en reste encore un peu ébloui. La solitude est une denrée devenue si rare ! Et pourtant, comment se retrouver soi-même sans ça ? Dans le bois, tu as sans doute la même impression que le navigateur solitaire, ou le Chartreux dans son monastère.
On vit ainsi des moments de grâce; je voulais les partager avec vous.
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