Bon c’est bien tout ça, mais ce n’est pas très emballant ! La souffrance, la compassion, le silence de Dieu, ça va où ? Finirons-nous par aller dans le mur, à sombrer dans le néant ??? Tous les efforts de la médecine pour alléger la souffrance sont légitimes, et admirables ; mais pas besoin de s’appeler Corneille ou Shakespeare pour reposer la question du sens, du sens de la souffrance.
Il y a une
phrase de l’Evangile qui nous éclaire. En annonçant sa passion, Jésus
ajoute : « Les hommes ont
fait à Elie ce qu’ils ont voulu. De même, le Fils de l’Homme va souffrir par
eux. » Mt 17/12. Or le mot grec pour « souffrir », c’est
« pasko ». Un mot qui
ressemble beaucoup à « paska »,
la Pâque. Jésus a-t-il voulu ce jeu de mots ? Toujours est-il que pour
nous chrétiens, c’est lumineux : pour arriver à la résurrection, Jésus
doit passer (paska) par la souffrance
(pasko). Il s’agit bien d’un passage,
d’une pâque !
Mais mourir
pour revivre, c’est normal, c’est dans la nature. Jésus, avec son pragmatisme
paysan, le dit : « Si le
grain semé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il donne
beaucoup de fruits. » Pas besoin d’être cultivateur pour comprendre
que la vie sort de la mort. Et voilà où nous allons ! A la suite du
Christ, nous sommes appelés à passer par la souffrance et la mort pour ressusciter.
Pas la peine d’ergoter, c’est comme ça. Si tu veux ressusciter un jour, tu dois
en passer par là. Tous ceux qui ont essayé un autre chemin sans passer par la
mort, ont abouti à une impasse. Ca, c’est ma foi qui me le dit.
Chacun a son
paquet de souffrances, inutile de courir après, la souffrance vient à nous. Mais
chacun est appelé à prendre ce paquet, à l’assumer avec courage, car il sait
que cela le mène vers la lumière. Gabriel Ringlet dit : « Les situations vécues « pour le
meilleur et pour le pire » inaugurent déjà notre éternité. »
C’est
pourquoi nous finissons ces méditations avec Joseph Folliet. Ivre de lumière et
d’espérance, il a chanté :
Au bout de la route, il n’y a pas la route, mais le terme du pèlerinage.
Au bout de l’ascension, il n’y a pas l’ascension, mais le sommet.
Au bout de la nuit, il n’y a pas la nuit, mais l’aurore.
Au bout de l’hiver, il n’y a pas l’hiver, mais le printemps.
Au bout de la mort, il n’y a pas la mort, mais la Vie.
Au bout du désespoir, il n’y a pas le désespoir, mais l’espérance.
Au bout de l’humanité, il n’y a pas l’homme, mais l’Homme-Dieu, mais la
Résurrection.