Autant de
cultures, autant de repas différents.
Et d’abord,
le non-repas. Je rentre à la maison, quelques « bonjour » rapides, et
me voilà devant le frigo. Je me compose un fast-menu avec ce que je trouve,
puis je vais me carrer devant la télé, mon plateau sur les genoux…. Voilà ce
que j’appelle un non-repas ! On peut appeler ça un ravitaillement en vol,
ou un arrêt-buffet, ou une pompe à carburant et tout ce que vous voulez, mais
ce n’est pas un repas. La table est bien là, mais comme décoration, pour donner
l’illusion de la vie de famille. Osons le dire : le non-repas est trop
souvent un des visages de la vie actuelle. Une mode venant des USA ?
Peut-être. Toujours est-il que cette mode tend à s’implanter chez nous, comme si
l’on avait fait une croix sur le savoir-vivre.
J’étais
l’autre jour chez des gens, dans une des nombreuses cités de Marseille. Je vois
la maman donner 2 euros à ses garçons : « Allez acheter vos chips ! » Et voilà, le problème du
repas est réglé. Alors que le mercredi est une occasion unique pour les petits
d’échapper à la cantine scolaire pour venir s’asseoir avec les parents autour
d’un bon petit plat bien mitonné…. Le repas en famille est toujours un instant
de tendresse. Mais où est la vie de famille si l’on ne se retrouve pas pour
manger ensemble ???
Le but du
repas, c’est d’abord…manger. Mais depuis Brillat-Savarin et même peut-être
avant, nous en avons fait une sorte de cérémonie bien française. Et qu’en
est-il ailleurs ?
Au Cameroun, je passai dans un village. Là-bas, quand on mange et qu’on voit passer quelqu’un, la bienséance veut qu’on l’appelle. La bienséance vaut aussi pour le passant qui ne saurait continuer son chemin sans prendre ne fût-ce qu’une bouchée… J’arrive donc, et vais m’asseoir avec trois hommes assis autour de la boule mil. Poliment, j’engage la conversation, je « fais des frais », comme on dit. Interloqué devant des réponses plus que laconiques tenant plutôt du grognement, j’insiste. Jusqu’au moment où mon voisin me dit : « Tais-toi et mange ! Si tu parles pendant que les autres mangent, tu n’auras plus rien ! » Et toc ! Autant pour la politesse !
J’ai
compris : dans un pays où la vie prend souvent visage de survie, manger
c’est d’abord tromper sa faim. Pour la tchatche, on verra après. Voilà donc une
forme de repas que l’on retrouve un peu partout là où il y a de la précarité.
En France il n’y a pas si longtemps, tels étaient les diners à la ferme. Peu de
mots, la soupe et les frites d’abord. le travail aux champs n’attend pas.
Qu’en est-il
aujourd’hui ?
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